Texte rédigé à partir des sources du Centre Saboyano de San José, de la publication de Rosa Maxit et de la conférence de Fernando Correa Alsina (2025).
Remerciement à François Birraux pour la transmission de la publication de Rosa.
Si un compte-rendu de la conférence nous est transmis, nous le mettrons en ligne sur le site.
Le naufrage du Galilée (1861) et le destin des familles savoyardes vers la Colonie San José
Un départ plein d’espoir
Au milieu du XIXᵉ siècle, la Savoie connaît une forte émigration. Après le rattachement à la France en 1860, de nombreuses familles cherchent un avenir meilleur outre-mer. L’Argentine, en plein développement, attire alors des colons agricoles européens : Français, Suisses, Savoyards ou Piémontais.
C’est dans ce contexte que plusieurs familles savoyardes embarquent à Bordeaux à bord du navire Le Galilée (ou El Galileo), à destination de la jeune Colonie San José, dans la province d’Entre Ríos (Argentine), fondée quelques années plus tôt par Justo José de Urquiza.
La tragédie au large de Montevideo
Le Galilée appareille en 1861, chargé d’immigrants et de leurs maigres biens. Après deux mois de navigation, le navire fait naufrage au large de Montevideo, dans le Río de la Plata, avant d’atteindre la côte argentine.
Les causes précises du naufrage restent mal connues — les témoignages d’époque évoquent des conditions météorologiques difficiles, des erreurs de navigation ou des avaries techniques.
À bord se trouvaient plusieurs familles originaires de Savoie et des environs du Léman, dont :
- Isidro Bordet,
- Simón Augusto Laurent,
- Mario Chatelain,
- Francisco Guionnet,
- Carlos Emmanuel Gallay,
- Francisco Lugrin,
- José Maillet, José Paccot,
- Cirilo Richard,
- Francisco Borget
- et Carlos Emmanuel Dutruel.
Des survivants tenaces et courageux
Malgré le drame, de nombreux passagers survécurent. Certains furent recueillis sur la côte uruguayenne, d’autres purent rejoindre Buenos Aires, puis atteindre la Colonie San José par voie terrestre ou fluviale.
Ces rescapés s’établirent finalement dans la colonie, où ils contribuèrent par leur travail, leur savoir-faire agricole et leur esprit communautaire au développement d’une région encore naissante.
Parmi eux, Carlos Dutruel, originaire de Publier (Haute-Savoie), se distingua par son courage. Accompagné de son épouse Antoinette Echernier, de leurs enfants et d’un neveu, il décida cependant, après ces épreuves, de retourner à Montevideo l’année suivante, où la famille s’installa définitivement.
Une mémoire ravivée
En novembre 2025, le Centre Saboyano de San José (Entre Ríos) organise une rencontre intitulée :
« El Naufragio de Le Galilée »
Conférence donnée par Fernando Correa Alsina, descendant direct de Carlos Dutruel,
le samedi 15 novembre à 20h30.
Cette conférence vise à raviver la mémoire de ces pionniers savoyards, à comprendre les circonstances du naufrage et à valoriser les recherches menées dans la presse et les archives uruguayennes. Fernando Correa Alsina y présentera le fruit de ses investigations, mêlant témoignages familiaux et documents officiels.
Un épisode fondateur de la mémoire savoyarde en Amérique du Sud
Le naufrage du Galilée symbolise à la fois la fragilité et la ténacité des émigrants savoyards du XIXᵉ siècle. Malgré les pertes et les dangers de la traversée, ces familles ont poursuivi leur route, fondant des communautés florissantes en Argentine et en Uruguay.
Leur histoire relie encore aujourd’hui les villages savoyards d’origine et les descendants sud-américains, unis par la mémoire, la langue et les racines.

